L’événement de rentrée d’Ezymob

Le 16 janvier dernier, j’ai participé à un événement organisé par Ezymob, une société qui souhaite améliorer le quotidien des personnes ayant un handicap grâce à des services numériques leur facilitant la mobilité.

Nous étions plusieurs personnes aveugles et mal voyantes invitées à échanger avec l’équipe d’Ezymob.

Une table ronde sur l’accessibilité et les nouvelles technologies

Nous avons commencé les échanges avec une table ronde au cours de laquelle nous avons abordé les thématiques suivantes :

Où en est l’accessibilité aujourd’hui

Constat : même si beaucoup de choses se sont améliorées en matière d’accessibilité dans le cadre bâti et numérique, il reste encore beaucoup à faire.

Le cadre bâti

  • À Paris, par exemple, encore trop peu de stations de métro sont accessibles ;
  • Beaucoup de carrefours dangereux ne sont pas équipés de feux sonores.
  • Dans les bâtiments, il est toujours difficile de se repérer :
    • Interphones tactiles trop hauts, où l’on ne peut pas lire les noms,
    • Pas de cheminement à l’intérieur,
    • Ascenseurs qui ne sont pas vocalisés, qui se ferment trop vite et sur lesquels il est impossible de savoir quel bouton commande quel étage.

Du côté du numérique

Malgré la loi du 11 février 2005 sur l’égalité des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, encore trop de sites et applications mobiles sont inaccessibles.

Selon le communiqué de la Fédération des Aveugles de France :

  • Seulement 2,52% des sites analysés par leur observatoire, respectent les obligations d’accessibilité.
  • 95% des sites analysés n‘ont pas de schéma pluriannuel (un document qui définit la démarche d’accessibilité planifiée par l’organisme).
  • Sur 539 sites municipaux, seulement 3 sont pleinement conformes, une seule bibliothèque et aucune préfecture.
  • Dans le e-commerce, seuls 2 sites sur 89 respectent les obligations légales, 5 banques sur 42.

Pour plus d’informations, voir les résultats complets sur le site de l’observatoire du respect des obligations d’accessibilité numérique.

Même si le gouvernement a nommé des instances pour vérifier le niveau d’accessibilité des sites et agir en cas de manquements, même si la directive européenne sur l’accessibilité numérique doit être respectée à partir de juin 2025, il reste encore beaucoup à faire.

Ce manque d’accessibilité est dû au fait que les équipes de développement, de communication ou de contribution sont encore trop peu sensibilisées. De plus, il n’y a pas assez de formations dans les écoles et universités qui incluent l’accessibilité numérique tout au long de leurs cursus de formation.

L’accessibilité dans le futur

Nous insistons sur le fait qu’il est nécessaire de continuer à sensibiliser les parties prenantes aux projets numériques pour que l’accessibilité soit prise en compte dès le début de ces projets.

Le besoin de formation est également essentiel.

En tant que personnes concernées, nous avons un rôle à jouer pour informer sur l’apport de l’accessibilité pour les personnes ayant un handicap.

L’un des participants s’interroge sur l’utilité de l’intelligence artificielle, IA, pour aider les équipes de développement à créer des contenus accessibles.

L’utilisation de l’IA peut être un avantage, mais, selon moi, il faut s’en servir avec discernement. Le jugement humain est toujours le facteur déterminant dans la réalisation du contenu accessible. L’IA peut aider mais il ne faut pas lui laisser toute liberté.

Le rôle des applications telles qu’Ezymob

Ces applications sont nombreuses et variées et il est parfois difficile de choisir celle qui convient le mieux.

L’inconvénient de certaines applications est qu’il faut tenir le téléphone devant soi pour que celui-ci nous aide à nous orienter. Pour une personne qui ne voit pas bien son entourage, cela peut être dangereux et entraîner le vol de l’appareil. De plus, on a besoin de nos mains : l’une tient le harnais du chien guide ou la canne, l’autre peut porter un sac ou tirer une valise. Il est donc souvent difficile de se servir en plus de son téléphone comme outil d’orientation.

L’équipe d’Ezymob nous répond qu’il existe des pochettes permettant de protéger le téléphone et d’avoir ainsi les mains libres. Une autre alternative pourrait être l’utilisation de lunettes à la place du téléphone.

Un dernier point dans la discussion concernait notre préférence pour une application grand public ou une application spécifique à notre handicap. Là, les avis divergent. Je fais partie des personnes qui préfèrent se servir d’une application grand public, car elle sera utilisée par plus de monde.

Cependant, les personnes qui ont plus de mal avec le numérique préféreront peut-être une application spécifique, qui prenne vraiment en compte les besoins liés à leur handicap. En effet, certaines applications grand public intègrent énormément de fonctionnalités dont nous n’avons pas besoin et qu’il n’est pas possible de désactiver. Une application spécifique se concentrera plutôt sur la meilleure façon de décrire un trajet pour une personne qui peut difficilement le visualiser en mode plan. L’application ne proposera pas les trajets à vélo ou en trottinette qu’il n’est pas possible pour nous d’utiliser.

Chaque personne doit évidemment pouvoir choisir l’application qui lui convient le mieux !

En conclusion, il reste beaucoup à faire pour rendre l’environnement accessible, mais si les équipes de conception sont formées et adoptent la démarche dès le début de la création du produit, son accessibilité sera garantie.

Il ne faut cependant pas oublier les personnes moins à l’aise avec les nouvelles technologies qui n’auront pas forcément envie d’utiliser une multitude d’applications complexes. Tout le monde ne peut pas utiliser le tactile et certaines personnes préfèrent manipuler un appareil à touches.

Présentation des solutions Ezymob

L’équipe nous a ensuite parlé des projets 2025.

Des événements réguliers avec les utilisatrices et utilisateurs concernés sont envisagés.

Un groupe d’échanges avec les personnes volontaires pour effectuer les tests de leurs futures solutions va être créé.

Ezymob souhaite rendre accessibles encore plus de lieux ouverts au public grâce à sa solution et un travail avec les responsables de ces lieux. Une application, dont ils nous dévoileront les fonctionnalités prochainement, doit permettre à une personne handicapée d’accéder plus facilement à son environnement, les événements qu’il y a autour ou l’itinéraire pour y accéder. Cela concerne surtout les lieux en France où il y a encore trop peu d’informations sur l’environnement.

Pour rappel, beaucoup d’applications font déjà ce travail. Citons en particulier le localisateur qui existe sous iPhone et Android et qui permet d’accéder à une multitude d’informations de façon accessible.

Attendons de voir ce que nous réserve Ezymob pour cette année. Je les remercie encore pour leur accueil et Je leur souhaite bonne chance pour la suite !

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